mercredi 8 avril 2015

"Junk" - Melvin Burgess


Un avis, mon avis

La drogue fascine tellement de gens, jeunes ou moins jeunes. Pourquoi apparaît-elle comme une solution ou un échappatoire? Et solution à quoi, d'abord?
Vous me direz, c'est pareil avec la cigarette ou l'alcool... Mais de là à s'injecter, dans son propre corps, une substance dont le seul rôle est souvent de détruire...
Pour Nico, cela peut encore se comprendre: un père violent, une mère sombrant peu à peu dans l'alcoolisme. On comprend d'emblée que la vie n'est pas facile tous les jours, pour lui.
Mais Gemma, Gemma... Je l'ai d'abord détestée... Nous verrons bien par la suite.

De prime à bord, je dois avouer que ce livre ne m'enchante pas. C'est d'ailleurs le seul ouvrage de la liste qui me rebute quelque peu. Je me souviens vaguement avoir lu, beaucoup plus jeune, un autre livre écrit par Melvin Burgess. Je me rappelle n'avoir pas franchement aimé le style de l'auteur. Peut-être étais-je trop jeune pour l'apprécier...
Même la thématique ne me ravit pas. En général, les livres ou les films abordant le thème de la drogue tombent toujours dans un côté mélodramatique et assez moralisateur. 

Enfin bref, plongeons au cœur du roman!

D'abord, il faut savoir que chaque chapitre de ce livre est raconté par des personnages différents, ce qui nous fait forcément découvrir les divers points de vues et réflexions associés aux personnages. J'aime beaucoup cette manière de fonctionner, un bon point pour l'auteur donc!
Tout commence avec deux adolescents, Nico et Gemma, qui veulent s'enfuir de chez eux, l'un pour une bonne raison, l'autre par ennui et défi vis-à-vis de ses parents. S'enchaînent alors de multiples aventures et péripéties mélangeant punk, squat, amour...
Evidemment, arrive très vite le moment tant redouté, celui où nos deux protagonistes goûtent à l'héroïne et deviennent de véritables junkies. Nous assistons alors, impuissants, à des sevrages, rechutes, changements de personnalité...

L'histoire tourne principalement autour de Gemma. J'ai eu beaucoup de mal à accrocher avec ce personnage. Selon moi, elle n'a tout simplement aucune raison valable pour faire ce qu'elle fait et sa "fugue" ressemble davantage à un caprice qu'à une réelle nécessité. Elle m'agace, m'insupporte!
Ses amis, en comparaison, sont usés jusqu'à la moelle, l'existence n'ayant pas été tendre envers eux. Mais elle? Aucune excuse! Et non, s'amuser n'en constitue pas une.
Je m'identifie bien plus à Nico.

Le récit prend, ensuite, un autre tournant lorsque Gemma rencontre Lily chez qui Nico et elle vont aller vivre. Les deux filles deviennent vite inséparables. C'est également là que le couple fera connaissance avec l'héroïne. L'auteur ne nous épargne rien: prostitution, overdoses, grossesses précoces...

En définitive. Gemma redevient la fille chérie de ses parents et reprend un semblant de vie tandis que pour Nico, entre sevrages et rechutes, rien n'est moins sûr. 

J'ai, tout compte fait, apprécié ce livre choc. Il est très bien raconté et très réaliste, sans pour autant prendre ce côté moralisateur que je déteste. Toutefois, il ne faut pas se leurrer: dérangeant, il l'est.
Le but de l'auteur est parfaitement atteint et en totale adéquation avec la citation que la quatrième de couverture: "Je pense qu'il est préférable que les jeunes n'entendent pas parler de la drogue pour la première fois le jour où quelqu'un essaiera de leur en vendre".

Analyse de différentes premières de couverture

En faisant quelques recherches sur la première de couverture de "Junk", je me suis aperçue que cette dernière changeait fortement en fonction des différentes maisons d'édition.
J'ai donc décidé d'en sélectionner quatre et de les analyser.

Tout d'abord, la première, présentée par Folio:

Ma première impression est que le violet constitue la couleur dominante. En effet, le nom de l'auteur est inscrit en violet et on retrouve cette couleur dans les cheveux de la jeune fille (supposément Gemma), sur ses lèvres , ses paupières, ainsi qu'en vernis à ongles.
Quelque peu curieuse et ayant tendance à pousser loin la réflexion, j'ai recherché si le violet n'avait pas une signification particulièrement.
Je n'ai malheureusement rien trouvé de signifiant, la signification des couleurs changeant, de plus, d'un site à l'autre. L'élément le plus pertinent que j'ai pu dénicher est celui-ci: le violet serait, en partie, associé des émotions telles la mélancolie ou la solitude. Des sentiments qui traversent véritablement le roman, donc.

Ensuite, nous pouvons observer, sur cette illustration, plusieurs choses: le buste d'une jeune fille qui a manifestement un style "punk". J'interprète ce visage comme étant celui de Gemma lorsqu'elle découvre, lors d'un concert de rock, ce style dans lequel elle se sent si bien, le problème majeur étant qu'elle fera également connaissance avec la drogue, plus précisément la drogue dure.

À propos de drogue, on peut y voir une seringue que le personnage a dans ses mains. Le ton est donné et le lecteur sait, dès lors, de quoi le livre parlera (au cas où il ne l'aura pas déjà compris en lisant le titre).
Des plumes, à droite, sont également accrochées, dirait-on, à la seringue. J'interprète cela comme l'illusion de liberté, de folie ou d'amusement que la drogue peut donner à ses consommateurs, une véritable impression, fausse évidemment, de mettre davantage de brillance à sa vie.
Gemma l'apprendra à ses dépends.

À propos d'illusion de joie intense ou de liberté que la prise de drogue peut engendrer, j'aimerai vous montrer une vidéo illustrant parfaitement ce principe:


Voici la seconde couverture venue tout droit de chez Gallimard Jeunesse:


Décidément, le violet est à l'honneur! Le fond entier de cette première de couverture lui est dédié!
De cette couverture se dégage une impression encore plus glauque que la précédente et l'on se dit directement que l'histoire ne sera pas des plus joyeuses.

Encore une fois, j’interprète la jeune fille de l'illustration comme étant Gemma. J'éprouve, en la regardant, un profond malaise. peut-être est-ce dû à la couleur verdâtre de sa peau. Celle-ci contraste profondément avec le violet du fond.

Un élément primordial est le garrot que la jeune fille a sur le bras, cela nous replonge totalement dans le monde de la drogue et de ses souffrances. À l'inverse de la précédente première de couverture, celle-ci reflète la destruction et les ravages que provoque la drogue.

Enfin, "Junk" est indiqué au milieu de la couverture en grandes lettres blanches. Celles-ci ne font que renforcer, à mon sens, l'impression générale.

Passons à la troisième première de couverture, tirée de Scripto (toujours chez Gallimard Jeunesse):


Cette première de couverture se révèle  extrêmement parlante et il n'y a pas grand chose à en dire.
Le fond est entièrement noir. "Junk" est inscrit, sur la gauche, en énormes lettres vertes.
On peut également y voir une seringue géante.
Parlant, clair, explicite.

Je trouve néanmoins que cette première de couverture se distingue des deux autres de par sa sobriété. Elle me donne bien plus envie de lire le roman que les deux précédentes.

Une dernière pour la route:


Celle-ci est tirée d'une édition anglaise.
Je dois bien l'avouer, elle est ma préférée parmi les quatre.
Elle représente un pissenlit qui doucement s'envole, tout cela sur le fond vert de l'espoir.

Il y a deux interprétations possibles à la signification de cette couverture.
Premièrement, elle me donne un goût d'optimisme et que tout, au final, finira bien. Cette couverture me laisse rêveuse et je ne peux m'empêcher de penser à d'hypothétiques enfants qui soufflent sur le pissenlit, à cette gaieté et espérance...

La deuxième interprétation s'ancre davantage dans la réalité du livre: dans celui-ci, le pissenlit constitue le symbole de l'amour entre Nico et Gemma. Quand Gemma n'était pas encore tombée amoureuse de Nico, celle-ci lui répondait "Pissenlit" en réponse à ses "Je t'aime".
Ce symbole provient, de plus, des peintures de Nico représentant des pissenlits.

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